Correspondance avec ma cousine du Québec
(suite)
Bonjour Isabelle,
Voici un petit courriel pour te donner des nouvelles fraîches
d’ici…
Tu te souviens de la fin des années ’60 au
Québec : cette incroyable effervescence pour le pays à faire qui enflammait
la majorité des quelques 7,000,000 de Québécois ? Le RN, le RIN et le MSA, tu
t’en souviens aussi ? Trois mouvements qui se vouaient chacun à sa façon à
réaliser notre indépendance. De puissantes personnalités y œuvraient comme
Gilles Grégoire au Ralliement National, de fortes têtes comme Pierre Bourgault
au Rassemblement pour l’Indépendance Nationale et le Mouvement Souveraineté-Association
avait comme chef un leader des plus charismatiques, René Lévesque qui, lui, a
réussi à rassembler les gros égos de tout ce beau monde… et ce fut la naissance
du Parti Québécois.
Je vais maintenant te faire une petite mise en parallèle :
Ici, le 12 avril dernier, il y avait dans cette
commune de 7,400 habitants une association qui m’avait alors semblée bien
structurée et qui se préparait à livrer bataille pour les élections municipales
de mars 2014. Exactement deux mois plus tard, convocation des membres et
sympathisants à deux réunions tenues coup sur coup, la première le 12 juin pour « Morières2014 », la seconde le
13, pour « Morières à Venir » ! En effet, l’association (!) vient
de se scinder en deux : cinq membres du Conseil d’Administration ont démis
de ses fonctions le Président en exercice, un bonhomme plutôt fringant et au
bagout rassembleur ! Pour le remplacer, on a trouvé un Président
« virtuel » dont je connais le nom mais pas du tout l’image et on a
installé un muet dans le fauteuil « Tête de Liste » !
Voici donc Morières avec deux associations d’opposition
aux allures plutôt fratricides.
Avant que la moitié de la foule ne quitte la salle dans un vacarme d’accusations et de plaintes lors de la réunion du 13, une voix s’est faite entendre ce jeudi : « Vous tracez un boulevard qui amènera le maire actuel à conserver sans heurts sa mairie ! »
…Et te dire à quel point ce dernier n’a pas besoin
d’aide avec les atouts qu’il a déjà en mains serait un euphémisme. Un premier exemple
qui me vient en tête : j’ai parcouru les numéros 52 (Mai) et 53 (Juin) du
magazine « Morières », anxieux que je suis d’en apprendre toujours un
peu plus sur ma ville d’accueil ! Tu sais ce qui m’a tout de suite frappé ?
L’omniprésence du maire. Quand je te parlais de GROS ÉGO tantôt !… Je me suis
dit que les chroniqueurs et photographes du magazine devaient lui porter un
profond respect doublé d’une admiration sans bornes : enterrements, Forum
emploi, Cérémonie Citoyenneté ou Commémorative, Jury d’assise, inauguration de
résidence, championnat de handball, il n’y en a que pour Joël Granier, on ne
voit que lui ! Chez nous, il se mériterait d’emblée le surnom de « Kid Kodak »
!
Indécent tu dis ?
Attends ! Tout ça s’explique facilement car devine
un peu qui est le Directeur de la Publication de « Morières magazine » ? Eh oui ! ton intuition a vu juste, c’est le sieur
Joël Granier ! Et ça tu vois, ça ne scandalise que moi car ici, c’est dans la
norme des choses qu’un magazine semblable,
« pleines-couleurs-papier-glacé-tiré-à-3900-exemplaires » soit payé
par ses commettants mais serve à faire l’autopromotion d’un élu ! Et quelle
belle façon de bâillonner l’opposition : on peut se permettre de lui consentir la « Tribune Libre » qui est
bien installée au bas de l’avant-dernière page…
Isabelle, s’il te plaît, fais-moi parvenir un
exemplaire du code de déontologie des municipalités du Québec : on pourrait
peut-être en faire bon usage ici !
Plein de bisous,
Loup Blanc" Publié sous la responsabilité de l'auteur..."